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Des Arbres qui
Marchent

POUR ALLER PLUS LOIN

Cette section est un espace de ressources qui fournira aux usagers de la série toujours plus d’outils et d’infos utiles à l’animation autour de la série.
    – Des éléments de présentation et de communication
    – Des dossiers pédagogiques ou d’animations créés par des utilisateurs comme outils d’information et d’animation
    – Des références et liens utiles en connexion avec les thèmes et orientations de la série.
    – Des notes personnelles de l’auteur à propos de sa démarche et de chacun des chapitres

Vous êtes invités à y contribuer à la richesse de cet espace en nous contactant.

1. Fiche de présentation et image d’illustration: Fiche descriptive DAQM  et son  image d’illustration

2. Affiches adaptables (à compléter):   version 1   /  version 2

3. Bandeaux d’annonce (à imprimer et afficher pour stand ou autre usage):  version paysage   /  version portrait

4. Les bonnes feuilles: série de 24 courtes vidéos (+/- 1 minute) présentant des citations extraites de la série, pour attirer l’attention et illustrer des communications avec une vidéo plus brève que la bande annonce: playlist dédiée de la chaine YouTube.

5. La série en 27 capsules: version intégrale mais fragmentée en capsules de 8 à 12 minutes, pour visionner en prenant le temps de faire des pauses ou pour des usages d’animation en groupe avec certains publics: playlist dédiée dans la chaine YouTube.

1. Proposition de fiche technique pour animation (nouvelle mouture 15 novembre 2021) :DAQM Fiche technique pour animation v2

2. La série en 27 capsules: version intégrale mais fragmentée en capsules de 8 à 12 minutes, adapté à des usages d’animation pédagogique en groupe: playlist dédiée dans la chaine YouTube.

  1. Qu’est-ce que la collapsologiehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Collapsologie
  2. Pour en savoir plus sur le Travail Qui Relie: http://www.terreveille.be/
  3. Lire l’encyclique Laudato Si, du pape François: https://www.vatican.va/content/dam/francesco/pdf/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si_fr.pdf
  4. Résumé de Laudato Si proposé par Entraide et Fraternité: https://www.entraide.be/IMG/pdf/b10-laudato_complet.pdf
  5. Vers une écologie intégrale: une vision en strates,  très chouette série vidéo complémentaire et concomitante aux Arbres qui marchent, spécialement à destination des jeunes, réalisée par la pastorale scolaire du Bxl-Bw, où on retrouve des visages connus: https://www.youtube.com/channel/UCmNNvgbZgT6cCij-rvHCejw 
  6. Unidiversité, passions de chercheurs, un vidéogramme réalisé en 2017 par Pierre-Paul Renders pour le Musée L de LLN et où les Arbres qui marchent ont probablement pris racine: https://www.youtube.com/watch?v=atOJkvET83w
  7. Comment développer le biomimétisme de Gauthier Chapelle ? https://biomimicry.eu/ 

En choisissant de parler de spiritualité, d’éthique, de prise de conscience écologique, de catastrophisme… et le tout en dialogue avec mes racines catholiques, j’ai conscience de m’avancer en terrain miné. Comment éviter l’écueil du film militant, démonstratif, moralisateur voire aux connotations prosélytes ?

Pour construire un propos qui pose des questions plutôt que d’exposer des réponses, j’ai eu recours à l’intelligence collective. Dans l’entrelacs des propos récoltés qui se mélangent, ma voix guide discrètement le spectateur au long de mon questionnement personnel.

Comment ai-je choisi les personnes rencontrées ? Comme un peintre choisissant ses couleurs, je me suis beaucoup renseigné et aussi laissé guider par un mélange d’intuition et d’opportunités. Ainsi s’est constitué mon panel : chercheur·e·s, activistes, philosophes, praticien·ne·s, thérapeutes, bio-ingénieur·e·s, économistes, politiques, juristes, psychologues, auteur·e·s, théologien·ne·s…  Elles ont été le plus souvent très enthousiastes à répondre à mon invitation à dialoguer sur ces dimensions qu’on aborde peu souvent avec elles.

J’ai essayé d’être attentif à ce qui favorise l’intelligence collective : une certaine diversité (âges, genres, origines, formations, croyances). Néanmoins, pour limiter mon champ, j’ai du faire le choix, frustrant, de rester dans une zone proche de mon milieu en termes de niveau socio-économique et intellectuel.

Vu mon enracinement culturel, il n’est pas étonnant qu’une bonne part des intervenants viennent de près ou de loin du monde chrétien (catholique, orthodoxe, protestant…). Mais de nombreux autres n’ont (plus) aucune attache avec le christianisme, ayant suivi d’autres voies écospirituelles, souvent nourries par les spiritualités orientales ou animistes (chamanisme et autres).

Pour toute une série de raisons, la « parole chrétienne » est devenue peu audible dans l’espace public. Excepté lorsqu’il s’agit de sujets clivants – comme les questions de morale sexuelle- , elle est pour ainsi dire ostracisée, comme en pénitence (peut-être méritée). Mais le christianisme reste une des racines principales de cette civilisation mondialisée qui nous emmène dans le mur. Se priver du regard sur ces racines historico-spirituelles est dommageable pour toute l’intelligence collective du débat de société autour de notre survie.

D’autant plus qu’on peut discerner un effet miroir ou métaphore, très instructif. L’Église connait ses propres crises, tensions, contradictions, basculements et effondrements. Comme tout le système à un niveau plus général, elle est confrontée à ses propres ombres, ses dérives et ses erreurs ; et dans ces douleurs de l’enfantement, elle accouche déjà de trésors inattendus, comme l’étonnante encyclique Laudato Si.

Se pencher sur le christianisme, l’accompagner dans son examen de conscience, contempler à la fois le désastre, mais aussi ce qui surgit comme ressource, c’est comme observer avec un prisme notre société en général qui doit profondément se remettre en question mais recèle aussi des germes de vie nouvelle. Et on peut pointer des convergences, des points de jonction.

Ainsi,
– dans un monde marqué par le consumérisme, les économistes lucides nous parlent toujours plus de décroissance indispensable et de simplicité volontaire, si proche de la pauvreté prônée par François d’Assise et de la sobriété vécue dans la pratique monastique. Certains voient même le monastère comme un modèle de résilience.
– dans un monde marqué par des inégalités hallucinantes, les historiens nous rappellent que c’est là une des causes majeures de l’effondrement de toutes les grandes civilisations qui nous ont précédés, faisant écho aux appels du Christ à la justice sociale et au respect des plus faibles.
– dans un monde dominé par la course au plaisir, les neurologues nous apportent des « preuves » de la différence fondamentale entre plaisir et bonheur*, établie depuis longtemps par la sagesse humaine. Et les philosophes contemporains redécouvrent les vertus de la Joie profonde, existentielle ** prônée par l’apôtre Paul, bien avant Spinoza.
– dans un monde dominé par la compétition et l’individualisme, les scientifiques eux-mêmes nous disent qu’il est plus qu’urgent de parier sur l’entraide***, l’agapè, l’humilité, la place centrale du plus petit… et les philosophes nous parlent des vertus de l’humilité et de l’échec****. 

Pour un chrétien, tout cela fait puissamment écho au message de Jésus.

Il faut dire aussi que la foi chrétienne est riche d’une expérience doublement millénaire, passée au feu d’une longue période de rejet, de réfutation et de bannissement. Dans un monde qui bascule, elle apporte une diversité de réponses qui sont plus actuelles qu’on ne le penserait. Cette religion née dans l’effondrement total de son fondateur (humilié et crucifié) possède une certaine expertise en la matière. Selon les mots du dominicain Timothy Radcliff : « La crise, l’effondrement, c’est la spécialité de la maison »

Enfin et surtout, le christianisme est une religion qui prend naissance dans l’effondrement le plus total : la mort du Jésus en croix. Tout son fondement consiste à regarder en face la catastrophe et à la traverser. Y aurait-il à partager une expertise en effondrement et résurrection ?

Ce parcours, qui m’a secoué/ dérangé/ vivifié, je souhaite qu’il ait le même effet à la fois sur les chrétiens de tous bords et sur ceux qui regardent le monde chrétien depuis l’extérieur, parfois avec une vision stéréotypée. Loin du film lisse et bien-pensant, il s’est profilé comme une sorte de « poil à gratter » à l’adresse de ceux qui aujourd’hui se disent chrétiens, mais se conduisent très souvent comme s’ils ignoraient à la fois les fondements de leur foi et les admonestations de leur leader, le pape François. Et en même temps, pour le large public majoritairement déconnecté (et parfois carrément hostile aux religions établies), cette série espère apporter une vision plus nuancée sur le christianisme et sur les ressources de cette spiritualité toujours en mouvement.

 * voir Robert Lustig par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=yvur3fyOP6I&feature=youtu.be
** voir par exemple l’ouvrage de Frédéric Lenoir, La Puissance de la Joie.
*** lire L’Entraide, l’autre loi de la jungle, de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle
**** voir par exemple l’ouvrage de Charles Pépin, Les vertus de l’échec.

 
CE QUI ARRIVE

Quand j’ai imaginé ce projet, il y a quelques années, je me disais : « J’espère que je n’aurai plus besoin de commencer – comme dans le film « Demain » – par un quart d’heure d’explications inquiétantes sur l’état de la planète, le mur vers lequel nous allons, les catastrophes qui s’annoncent. Tout le monde sera au courant. Je ne devrai pas acheter (dans des banques d’images) des vidéos de forêts en feu, d’inondations, de ravages écocides et d’ours polaires malingres sur des petits îlots de glace… ».

J’avais en partie raison: en peu de temps, le sujet est devenu médiatique, le discours des scientifiques a touché beaucoup de gens (et énervé beaucoup d’autres), les jeunes sont descendus dans la rue, des masses se sont mobilisées. Les données objectives sont aujourd’hui exposées sur tous les tons : livres, films, chaines YouTube, podcast… Depuis mars 2020, la pandémie a pris l’avant-scène médiatique avec le double effet de masquer un peu les autres urgences (climatique et environnementale) mais aussi de mettre en avant la fragilité du système mondialisé et de nos rapports problématiques avec l’environnement.

Chez beaucoup de personnes, elle a renforcé la prise de conscience. Malgré tout, trop de gens sont encore dans l’ignorance ou le déni de la situation. Il fallait donc repartir du constat. Dans le premier épisode, je l’évoque non pas sur un mode informatif factuel mais par petites touches de témoignages et d’émotions. J’explore les sentiments divers que cela suscite chez moi et dans la société : diagnostic d’un système à bout de souffle ; urgence de se préparer à changer ; tendances au déni, à la peur, à la colère, à la tristesse… qui rappellent les étapes de la fin de vie (voir les stades du deuil selon Elisabeth Kübler-Ross).

Avec en toile de fond ce constat : nous ne bougeons pas. Ou tellement peu et tellement lentement. Même conscient du problème, j’ai tendance à rester comme tétanisé, englué dans ces sentiments contradictoires.

Ce premier épisode n’est-il pas trop déprimant ou effrayant ? Ne risque-t-il pas de décourager le spectateur d’aller plus loin ? Provoquer une dépression est l’opposé de mon intention. J’ai besoin d’expliquer que ce constat est un point de départ obligé mais pas le but de la démarche. Et surtout, je fais le pari que les visages lumineux et presque sereins de mes interlocuteurs font contrepoint à leurs propos alarmants. On sent qu’ils et elles parlent depuis un lieu intérieur apaisé. Ça devrait donner envie d’en savoir plus…

REMONTER AUX SOURCES

Je prends le taureau par les cornes. Je convoque les notions de sens et de spiritualité. Sur les problématiques écologiques, climatiques, financières, énergétiques…, on trouve un foisonnement de films, articles, livres apportant des pistes de réponses concrètes.

Pour ma part, je décide délibérément de ne pas aborder la question du « Que faire ? ». Le pragmatisme matérialiste de notre pensée moderne nous fait voir le réel comme une machine, un mécanisme sur laquelle nous devons agir. Du coup, la première question qui surgit face à un problème est : « Que faut-il faire ? Quelle est la solution ? ». Cette vision mécaniste me semble une des principales causes de notre situation inextricable.

Selon le mot d’Albert Einstein, « on ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ». Pour activer ce changement de logiciel, il faut d’abord prendre conscience de nos modes de pensée. Avant la question du « Que faire ? », ou à tout le moins en parallèle, il y a lieu de se demander « Qui devenir ? Que changer en soi, en tant qu’individu mais aussi en tant que collectivité ? »

Dans mes rencontres, j’explore l’hypothèse que les racines de la crise écologique seraient, au moins en partie, spirituelles. Chez beaucoup d’activistes de la transition écologique, on voit apparaitre des formes d’épuisement psychologique, on parle de « burn-out écolo » et on diagnostique une perte de sens, un manque d’enracinement.

J’adhère assez bien à l’intuition des inventeurs du terme de collapsologie: « composter » les émotions paralysantes (peur, colère, culpabilité, anxiété) suppose de convoquer les ressources de la psychologie, mais aussi de la spiritualité. Poser la question du sens, c’est rouvrir le débat métaphysique et donc spirituel.

Par décret de laïcité, notre société a relégué la question du sens dans la sphère privée. Mais face à l’extinction massive des espèces, l’effondrement des écosystèmes, la fin possible de l’humanité, cette question revient comme un boomerang dans l’espace public : il y a un choix collectif à faire sur le sens qu’on donne à la vie sur Terre.

Et si vraiment la transition intérieure est une des conditions du changement, ne gagnerait-elle pas en force, efficacité, rapidité, à être portée collectivement ? Dès lors, les spiritualités et religions établies n’ont-elles pas un rôle à assumer dans le processus de prise de conscience collective ?

Face à ce qui se profile, un dialogue constructif entre les spiritualités s’impose, où le christianisme a une voix à faire entendre. Mais il y a des embuches sur la route…

CE QUI POUSSE DANS LES CICATRICES…

Le système qui nous emmène dans le mur n’est pas né n’importe où. Il est issu d’une civilisation précise, dont une des mamelles a été le judéo-christianisme (même si, avec les Lumières, ledit système de pensée s’est détaché de plus en plus de la dimension religieuse et même spirituelle).

La chrétienté porte sa part de responsabilité dans l’état de la planète. Depuis le fameux livre de l’historien Lynn White, Les racines historiques de notre crise écologique (1967), identifiant le judéo-christianisme comme le principal responsable du « désenchantement du monde », du matérialisme via le « dualisme matière-esprit », l’Église est en position d’accusée.

En 2015, dans son encyclique Laudato Si, le pape François fait une réponse en règle à ces critiques, reconnaissant les errances et abus interprétatifs faits sur la Bible dans le passé et formulant de nouvelles exigences pour les chrétiens en matière d’écologie intégrale.

Je fais partie de ceux pour qui cette encyclique est un évènement majeur et inspirant. Et, à l’écoute de mes intervenants, je constate que je ne suis pas le seul. Ce texte a été reçu avec étonnement et admiration dans beaucoup de milieux non-chrétiens d’activistes en écologie et justice sociale. Il a par ailleurs été diversement accueilli dans le monde chrétien, entre grand enthousiasme ici et allergie voire rejet profond là-bas. Pourquoi une telle disparité ?

Il faut dire qu’en matière d’effondrement, l’Église catholique est elle-même confrontée à des secousses monumentales, avec, ces dernières décennies, des écroulements par pans entiers, sous nos latitudes du moins. Comment cet effondrement-là est-il vécu, ressenti et traversé de l’intérieur ? De quelle manière fait-il écho au collapsus global… ?

Il se peut que le sort de l’Église ne préoccupe que les chrétiens, mais j’invite les autres à regarder cette situation comme un prisme ou une métaphore du basculement global. Je suis frappé par les similitudes entre ce qui se passe dans la société, ce qui se passe dans l’Église et ce qui se passe en moi : les mêmes aveuglements, les mêmes dénis, les mêmes résistances et aussi les mêmes ressources nouvelles qui cherchent un chemin de croissance.

J’ai conscience de courir un risque en axant tout ce chapitre sur le christianisme, thème qui pourrait rebuter une partie de l’audience. Mais à travers la réflexion sur la notion biblique de « domination de la création », je pense toucher du doigt une attitude qui est aux racines du problème, pas seulement chez les chrétiens.

Je fais le pari que nombreuses seront les personnes qui saurons lire à travers les références bibliques et théologiques ce qui concerne chacun·e d’entre nous, quelles que soient ses convictions.

LA GUÉRISON DE L’AVEUGLE

Après ce détour nécessaire sur les errances et ressources du christianisme, j’aborde l’axe majeur du propos : le changement de regard, la conversion écologique, qui ne se limite pas à la connaissance intellectuelle mais englobe notre manière d’être vivant.

A cette étape, je fais le choix de parler de maladie plutôt que de faute ou d’erreur. Et donc de chercher des médecins et un chemin de guérison plutôt qu’un tribunal et des peines d’expiation.

Cela commence par poser un diagnostic : Dominique Collin propose celui du nihilisme, qui tue le désir et même la volonté. Et il nous repose le choix primordial du Deutéronome : « La vie ou la mort ? », trop longtemps dévoyé en alternative entre le bien et le mal.

Mes interlocuteurs, qui semblent en bonne voie de guérison, évoquent un antidote puissant: la joie, comme boussole et comme moteur de l’engagement.

Parmi les racines de la maladie, ils identifient aussi la coupure émotionnelle d’avec le reste du vivant : un engourdissement de notre sensibilité, qui prend sa source dans l’illusion de la séparation. Comme si l’humain était radicalement autre et indépendant des « autres qu’humains ».

Je ressens profondément l’influence de cette illusion et de la déconnexion qu’elle a causé chez moi. Mais mon empathie doit-elle et peut-elle vraiment s’étendre jusqu’aux animaux, jusqu’aux arbres, jusqu’aux pierres ?

« OÙ ES-TU? »

J’aborde frontalement la problématique de la colère, de la culpabilité et des chemins pour en sortir. C’est un domaine où, spécifiquement, la spiritualité chrétienne porte à la fois un lourd héritage de déviance et des trésors de renaissance.

L’écologisme est parfois désigné par ses détracteurs comme une nouvelle religion de masse: prescriptive, culpabilisante, aliénante, dominatrice voire dictatoriale. Le retour par la fenêtre de la culpabilité judéo-chrétienne qu’on avait chassée par la porte ?

Pourtant, les faits sont là : des erreurs ont été commises, des fautes sont toujours en cours, des crimes continuent d’être perpétrés. Comment gérer la colère ? celle qui vise les responsables principaux, les criminels sans scrupules ; et celle qu’on dirige contre soi, la culpabilité d’être impuissant à sortir d’un système destructeur.

Si la colère peut être un moteur pour l’action, si la culpabilité peut faire naître un désir de changement, il y a un vrai danger de rester englué dans ces deux sentiments paralysants. Je le ressens profondément en moi.

C’est ici que j’ose remettre en lumière des mots devenus inaudibles comme repentance, péché et pardon

L’AMOUR AUX TEMPS DES CATASTROPHES

Cela m’a frappé: très rapidement après la sortie de son livre constat « Comment tout peut s’effondrer ? » (co-écrit avec Raphaël Stevens), Pablo Servigne a eu à cœur de s’associer à Gauthier Chapelle pour publier une sorte de livre-antidote : «L’Entraide, l’autre loi de la jungle ». Dans cette compilation de références issues de tous les domaines de la science, ils déconstruisent la croyance en une évolution des espèces basée sur la seule compétition. L’entraide, la collaboration, l’interdépendance est au cœur du vivant… et dans les situations critiques, la solidarité est le premier réflexe chez les humains.

Au final, il est étonnant de constater que, de la physique quantique à l’histoire, en passant par la biologie moléculaire, les neurosciences, la psychologie cognitive, les sciences semblent en train de redécouvrir ce que les spiritualités et sagesses ancestrales ont enseigné depuis la nuit des temps sur l’entraide, l’intelligence collective, les connexions avec les « vivants autres qu’humains », etc.

En abordant ce qui relie, ce qui rassemble pour mieux traverser les épreuves, on en arrive à reparler d’amour… Terme tabou ? Peut-être pas, mais mot galvaudé et sali qu’avec l’aide de mes interlocuteurs, je me propose de nettoyer…

LES DEUX MOITIÉS DE L’HUMANITÉ

Au menu de cet épisode : les rapports hommes-femmes, la réconciliation nécessaire du « masculin » et du « féminin ». Un épisode que je ne voulais pas vraiment faire. Un sujet compliqué à aborder. Le lien avec le thème principal n’apparait pas à tout le monde. Mais il s’est imposé. Le traitement que le système fait subir à la planète est lié à l’héritage patriarcal.

Le Pape François déclare: « le cri de la terre et le cri des pauvres sont un seul et même cri ». C’est aussi le même cri que celui des enfants abusés, des vieillards maltraités et, très profondément, c’est le cri des femmes violentées.

La problématique de l’écoféminisme met le doigt là où ça fait mal. Beaucoup des personnes que j’ai rencontrées sont comme moi convaincues de l’importance du sujet mais parfois mal à l’aise ou maladroites pour en parler.

Entre la Terre-Mère Pachamama et les entrailles de Miséricorde du Père, entre essentialisme et féminisme radical, entre réparation et réconciliation, le terrain est marécageux et, à nouveau, les mots sont piégés.

Mais j’essaie de faire avec, humblement …

INSPIRATIONS-EXPIRATIONS

Pour éviter tout malentendu dans la compréhension de ce dernier épisode, je réaffirme mon intention de ne pas donner des solutions. Toutefois, j’accompagne mes intervenants dans leurs propositions concrètes de « faire du commun », retrouver un sens du bien commun, voire « mettre tout en commun » comme les premiers chrétiens.

Je ne m’y attendais pas mais plusieurs m’évoquent le modèle monastique comme une voie possible pour penser autrement la collectivité. Et l’idée de retrouver du rituel en commun se dessine en filigrane, avec la nécessité de se donner des temps pour respirer.

En épilogue, nous évoquons un nouveau monde qui veut naitre, mais qui n’évitera pas les douleurs de l’enfantement…